Nouveau phénomène à la mode, cet instrument réputé au service de commerces illicites pourrait à l’inverse s’imposer comme une monnaie de demain – d’autant plus que la frontière entre cash et e-paiement est de plus en plus floue. Alors concrètement : peut-on se servir des Cryptomonnaies dans son activité commerciale ?
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Par cryptomonnaie, on entend les Bitcoins, l’Ethereum et plusieurs dizaines d’autres labels moins connus. Ces actifs sont immatériels, indépendants des banques centrales. Ils sont stockés et diffusés par une blockchain, c’est-à-dire une base de données sécurisée qui enregistre tout l’historique de l’objet concerné, de manière anonyme.
La définition d’une monnaie classique :
• Elle ne saurait être demandée pour elle-même.
• Elle est acceptée par tous les acteurs d’un environnement (nation, marché…) en tant que gage de stabilité, jouant même un rôle d’étalon, de référence de valeur.
• Cet étalon a été calé selon les périodes sur l’or, le dollar…, et en tout état de cause il est piloté par une Banque Centrale.
Or, la cryptomonnaie ne valide aucune de ces conditions : unité de compte purement virtuelle, elle n’existe et ne se valorise que parce que demandée pour elle-même, via sa rareté. Cet instrument sert avant tout à la spéculation, générant de colossales plus-values ou pertes sur des laps de temps extrêmement réduits.
NB : bien que très notoire, la part des cryptomonnaies dans le hacking et le blanchiment serait minime, représentant moins de 1% des volumes d’échange de ces monnaies (soit quand même l’équivalent de 10 Md€ ! source Les Echos du 15/07/21).
Le bitcoin et ses consorts n’ont pas de cours légal aux yeux de notre administration, c’est juste un objet de marché. Par ailleurs, la TVA n’est pas redevable sur les échanges en cryptomonnaies : c’est la Cour de Justice Européenne qui l’a décidé dans son arrêt du 22/10/2015.
Les Cryptomonnaies ne sont ainsi échangées que via des portefeuilles financiers contre de la monnaie légale. Leurs plus- ou moins-values seront fiscalement constatées dans les formulaires adaptés : soit comme « bénéfices non-commerciaux » pour le spéculateur occasionnel, soit comme « bénéfices industriels et commerciaux » pour qui en tient une activité récurrente. Le taux d’imposition sera celui de l’impôt sur le revenu, complété des prélèvements sociaux.
Certains le font, notamment des grandes enseignes (souvent américaines) en recherche de buzz. Ces acteurs majeurs, par leur seule communication, ont le pouvoir de faire bondir ou chuter le cours du bitcoin. Dans la même veine, des structures internationales ont recours à cette monnaie, notamment des ONG pour recueillir des dons, ou des entreprises à couverture mondiale qu’on retrouve notamment dans le luxe, le voyage, les médias.
Sans passer par le Darknet évidemment (!), l’achat-vente en bitcoin se concrétise par un transfert de monnaie d’un portefeuille à un autre : le client cède de ses cryptos à une plateforme, qui les recrédite au commerçant pour un montant équivalent au bien qu’il vient de céder. Vous suivez ?… Cependant, ce commerce est fortement simplifié par des applications qui lui sont dédiées : ces applis génèrent des QR-codes automatisant ce processus et le rendent parfaitement ergonomique, que ce soit pour du commerce en ligne ou physique.
Ainsi des petites entreprises, des restaurants, des coiffeurs etc. proposent cette option – mais on en compte moins d’un millier en France. Compte-tenu de la volatilité du cours, la transaction doit être conclue dans un laps de temps réduit, à peine 1/4h. Faute de quoi votre pizza pourrait bien se surenchérir de 10% entre le choix des ingrédients et la finalisation de la commande !
En attendant, si vous souhaitez vous lancer dans cette ouverture encore innovante, prenez garde au potentiel d’escroqueries qu’elle recèle : braquage de crypto-portefeuilles, contrats vagues à la domiciliation exotique… les listes de l’AMF resteront votre premier garde-fou pour sécuriser votre portefeuille de cryptos.
Le Salvador, qui n’avait plus de monnaie propre depuis 20 ans et avait adopté le dollar, vient de franchir le Rubicon : il y est possible depuis septembre 2021 de faire ses courses, vendre ses productions et payer ses impôts en Bitcoin au moyen d’une appli mobile. Une première dans le monde. Ce pays vient de fonder son tissu économique sur l’unité de compte la plus volatile du marché…
Certains états, y compris les plus développés, observent attentivement l’évolution des cryptomonnaies et envisagent même d’en créer sous la houlette des banques centrales. Cela va dans le sens du progrès technologique et de transactions directes en cryptos.
• L’impact carbone des cryptomonnaies est significatif : leur « minage » (= faire travailler des milliers d’ordinateurs afin qu’ils génèrent les blockchains, chacune identifiant chaque unité de crypto) produit environ 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
• Une grande Loi de l’économie : « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Elle signifie que dans un monde en e-monnaie, chacun s’empressera de faire tourner ses volatiles cryptos dans les échanges, pour mieux garder en sécurité ses réserves de « valeurs sûres » en euros, dollars ou en or.
Plus que jamais, gardez donc en vue que la cryptomonnaie reste un actif hautement spéculatif, et bien plus délicat à manipuler que ce que son apparente démocratisation laisse imaginer.
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